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1er jour de la BD à Bastia : Pourquoi ces 22èmes rencontres seront inoubliables


le Vendredi 27 Mars 2015 à 02:19

Jeudi, le public a pu enfin découvrir ce que laissait entrevoir la magnifique affiche, réalisée cette année par Benjamin Flao : un espace temps sur quatre jours, riche et dense, un zeste d’invitation au farniente, à la contemplation et à la réflexion, dans une ambiance sereine et pacifique. Les fervents amateurs du 9ème art étaient aux anges. Pour tous ceux qui sont ouverts aux rencontres et à l’humanisme, cette première journée de la BD à Bastia fût le rendez-vous à ne pas manquer en ville.



Oui, l’affiche est le pur reflet de la programmation de cette année. Riche et dense par la présence de 28 auteurs qui œuvrent sur des thèmes différents, à l’attention de publics divers et à l’aide des nombreuses techniques qu’offre le monde du dessin et de l’illustration, au service de l’imaginaire mais également à la prise de conscience. L’invitation au farniente, au soleil devant le péristyle du théâtre, sur les marches qui entourent notre ténor César Vezzani, ou encore sur les bancs et tables de la cafétéria installées devant le centre culturel. La contemplation, devant tant de richesses picturales découvertes au gré des déambulations possibles, de salle en salle, dans cet espace proche du dédale, qui relie le centre culturel et des salles méconnues du théâtre en passant par son péristyle. 


BD à Bastia, première journée

La cérémonie d’ouverture fût introduite par le maire de Bastia Gilles Simeoni, qui a salué le travail de la directrice du centre Una Volta Dominique Mattei, et qui a rappelé son attachement à la liberté d’expression, en référence au massacre de Charlie Hebdo. Dominique Mattei a ensuite pris la parole, pour saluer ceux qui l’accompagnent depuis tant d’années, et remercier les entreprises qui ont permis de conserver la richesse de la programmation grâce à leur soutien financier. Ces aides économiques furent primordiales cette année pour compenser les pertes de financements publics, et ainsi sauver le festival.


Toutes les émotions, pour tous les publics

Les enfants et leurs yeux éclairés par les œuvres sont alors partis à la découverte de couleurs et de personnages souvent « magiques » dans tout le centre culturel. Les adultes, que la vie a rendus peut-être trop terre-à-terre, ont plus apprécié les textes, la technique et les détails pour être aussi submergés par les émotions. Les artistes, ces adultes qui n’ont pas grandi, ont consacré leur temps au partage avec les visiteurs, avec les bénévoles du centre culturel… et avec les enfants. 


Benjamin Flao, l’écrivain voyageur est avant tout… un dessinateur

>Le réalisateur de l’illustration de l’affiche BD à Bastia 2015 s’est exprimé en public, pour raconter son histoire, livrer ses anecdotes et préciser ses méthodes de travail. Il n’était pas bon du tout à l’école, qu’il a quittée très tôt. Il a fait, très jeune, une école de dessin en Belgique, en partie tenue par des frères catholiques qui lui ont appris les rudiments du dessin « à l’ancienne », c’est-à-dire en  multipliant l’expérience jusqu’à la maîtrise technique totale qui permet d’atteindre l’objectif ultime: former l’œil, la main, afin de réduire le parcours entre le cerveau et la main, soit l’image à son expression. Il a « fait ses gammes » en dessinant des caricatures dans la rue pendant quelques années. C’est une sorte de performance, il faut extraire et exprimer, très rapidement. Mais sa plus grande expérience artistique, sa première véritablement, fût une commande qui lui a été faite : partir avec une équipe de scientifiques sur les traces des os de mammouth en Sibérie. Sa mission : carte blanche - tout autant que le paysage environnant- pour suivre, écouter, dessiner, écrire, témoigner avec des dessins, à l’aide de son « regard de dessinateur », non seulement la quête de l’os de mammouth, mais également la vie dans la Toundra, incluant les autochtones. La rapidité acquise grâce à la caricature lui a permis de dessiner tout en évitant la congélation totale sous ce climat fort éloigné du notre. Cette véritable aventure a abouti à la publication de son premier livre, qui entraina une succession de propositions. Aujourd’hui, il réalise un travail à quatre mains avec des auteurs tels que Christophe Dabitch ou Troubs, également présents lors de ces rencontres. Les albums sont exposés au centre culturel. Nous n’en dirons pas plus et vous invitons fortement à partager le plaisir de découvrir les planches originales de ce conteur, par le trait, la couleur... et les mots.

Benjamin Flao
Benjamin Flao

Incontournable : des expositions de planches inédites

Les planches de Christophe Blain et Gus n’ont pas laissé les visiteurs indifférents. Inédites, tirées d’un album qui paraitra très prochainement, elles sont affichées aux murs du centre Una Volta pour quelques jours encore. Rappelons que cet auteur a reçu deux fois le grand prix du Festival d’Angoulême, et que son album « Quai des orfèvres » a été adapté au cinéma. 

Edmond Baudoin et Cédric Villani : Un auteur de BD et un Prix Nobel de mathématiques s’associent pour aborder le thème de la « science et conscience » autour du Principe de l’incertitude. Edmond Baudoin fût présent au lycée Jean Nicoli pour exposer cette œuvre. 

Edmond Baudoin au lycée Jean Nicoli de Bastia
Edmond Baudoin au lycée Jean Nicoli de Bastia

À ne pas manquer, la scénographie

>Toutes les éditions de la BD à Bastia laissent un souvenir impérissable aux visiteurs, des années précédentes, on se rappelle des ambiances incroyables des scénographies : du polar avec la reconstitution d’une scène de crime dans un hall de gare, ou encore du géant endormi dans un lit sous lequel il était possible, pour petits et grands, de ramper pour découvrir des mondes imaginaires…  celle de 2015 réussi le pari d’être encore plus surprenante. La réflexion et l’émotion sont encore au rendez-vous, grâce à la scénographie « Déplacés, réfugiés », accessible par l’escalier situé dans le péristyle. C’est une ambiance visuelle, sonore, créée autour des œuvres de neuf auteurs qui nous livrent leur ressenti après s’être imprégnés de la vie dans ces camps, dans lesquels les exilés n’ont d’autre choix que de s’y sédentariser. Elle est réalisée par l’équipe présente depuis de nombreuses années au festival : l’Atelier Lucie Lom.


Deux temps forts « Débats et rencontres » pour ces prochains jours

>Samedi 28 mars à 14h30 au théâtre municipal : Rencontre avec Edmond Baudoin & Cédric Villani, animée par Laurence Le Saux de Télérama et Bodoï.

Dimanche 29 mars à 10h30 au café Una Volta : Rencontre autour de l’exposition « Déplacés, Réfugiés » avec six des auteurs concernés, animée par Jean-Christophe Augier de France Info.